Migraine, céphalée, maux de tête : faire la différence

Casque, étau, brouillard… Les maux de tête sont une des plaintes les plus fréquentes, mais encore faut-il bien savoir les différencier afin de s’orienter vers les solutions apaisantes les plus adaptées. 

Les maux de tête ou céphalées : fréquents et invalidants 

Les céphalées, caractérisées par des maux de tête récurrents, allant du crâne jusqu’aux cervicales, sont très fréquentes. Dans la 3ème édition de la Classification Internationale des Céphalées5, la Société Internationale des Céphalées hiérarchise les céphalées en deux catégories : celles dites primaires, dont les migraines, les céphalées de tension, les céphalées trigémino-autonomiques et d’autres céphalées primaires ; et celles dites secondaires c’est-à-dire consécutives à des états pathologiques ou d’autres causes dont la liste est longue.  

D’après l’OMS1, entre 50% et 75% de la population adulte mondiale a eu des céphalées au moins une fois dans l’année (dont un tiers à type de migraine), et jusqu’à 4% de la population mondiale souffre des céphalées durant au moins 15 jours par mois. Dans une étude mondiale sur la charge de morbidité actualisée en 20131, les céphalées dans leur ensemble occupent la troisième position en terme de fardeau (souffrance vécue, coût financier, altération de la qualité de vie). La migraine, à elle seule, arrive en sixième position.  

La migraine : une douleur intense et une prise en charge sur mesure

D’après l’INSERM2, environ 15% des adultes sont concernés par les migraines avec une prédominance féminine (20% des femmes sont affectées, contre 10% des hommes). Environ 5% des enfants souffriraient également de migraine avant la puberté. Les crises migraineuses débutent dans 90% des cas avant 40 ans sous la forme d’intenses céphalées pulsatiles, pouvant être accompagnées ou précédées d’aura, c’est-à-dire de troubles visuels, sensitifs, moteurs ou de langage.  

Les facteurs déclenchants peuvent être des variations émotionnelles, un surmenage ou un relâchement, un effort physique intense, une dette ou un excès de sommeil, des variations hormonales, un changement climatique, une exposition sensorielle forte, un changement d’alimentation (repas lourd ou absence de repas…). Le Docteur Yu Hong HU, neurologue, décrit : « les douleurs migraineuses se situent généralement d’un seul côté du crâne et sont pulsatiles, comme une impression d’entendre son cœur battre dans sa tête. La douleur est aggravée par le mouvement et souvent associée des photo-phonophobies, des nausées ou des vomissements. Spontanément les personnes migraineuses préfèrent se mettre dans une pièce calme et obscure. » 

Généralement, les personnes atteintes de migraines sont bien suivies médicalement, possèdent un traitement d’urgence à prendre en début de crise, et parfois un traitement de fond pour diminuer la fréquence. 

Les céphalées de tension et leurs causes

La céphalée de tension est très fréquente, avec une prévalence au cours de la vie estimée entre 30% et 78% selon les différentes études. Le Docteur Yu Hong HU précise : « la douleur est différente de celle de la migraine ; on observe une sensation de compression, de serrement, d’étau, non pulsatile et plutôt diffuse sur l’ensemble du crâne, de la nuque jusqu’au front. L’intensité de la douleur est légère à modérée, généralement sans photo-phonophobie, ni nausée ou vomissement associés. Il n’y a pas de signes annonciateurs à proprement dit comme dans la migraine, mais plutôt des petits signes de fatigue associés comme des gênes, des raideurs musculaires, des bâillements… Les céphalées de tension sont plutôt en lien avec le surmenage, s’installant généralement en fin de journée, mais il peut y avoir des contextes favorisants qui se croisent : une mauvaise hygiène de vie, un sommeil de mauvaise qualité, un environnement pollué ou bruyant, le tabac et l’alcool, un contexte personnel ou familial anxio-dépressif, des troubles visuels non corrigés, l’utilisation intensive d’écrans… »

Le diagnostic des céphalées de tension repose sur les critères internationaux de la classification des céphalées. Les céphalées de tension peuvent être classées en trois catégories en fonction de leur fréquence et leur durée3, 5 :

- les céphalées de tension épisodiques peu fréquentes : au moins 10 épisodes de céphalées survenant moins d’1 jour par mois en moyenne (< 12 jours/an) avec une durée de 30 min à 7 jours

- les céphalées de tension épisodiques fréquentes : au moins 10 épisodes de céphalées survenant de 1 jour à 14 jours par mois en moyenne pendant moins de 3 mois (entre > 12 et < 180 jours/an), avec une durée de 30 min à 7 jours

- les céphalées de tension considérées comme chroniques : quand les céphalées surviennent plus de 15 jours par mois en moyenne depuis plus de 3 mois, durant de quelques heures à plusieurs jours ou sans période d’accalmie.  

Les céphalées par abus d'antalgiques

Certaines céphalées, dont les caractéristiques s’apparentent aux céphalées de tension, sont consécutives à la surconsommation chronique de médicaments pour soulager les maux de tête. Comme un effet boomerang ! Les maux de tête deviennent alors permanents et ne se calment plus. Ce qui représenterait 15 à 20% des consultations dans les centres spécialisés dans le traitement des maux de tête4. Seul un sevrage progressif permet d’enrayer le processus.

Maux de tête, quand s'inquiéter ?

« Chaque fois que les céphalées sont inhabituelles en termes de survenue, d’intensité, de durée, il faut demander rapidement un avis médical en se rendant aux urgences, rappelle le Docteur Yu Hong HU. Il en est de même si les maux de tête s’accompagnent d’autres signes de gravité comme une raideur de la nuque, des malaises, des convulsions, une forte fièvre… En cas de douleur occasionnelle ou liée à une cause connue, on peut essayer d’en mesurer son intensité sur une échelle de 1 à 10. En dessous de 4, ce qui englobe finalement une majorité des maux de tête, je conseillerais de commencer par des solutions non médicamenteuses plus respectueuses de la santé que les traitements chimiques. » 

Céphalées de tension, comment les traiter naturellement ?

« Les massages du crâne et du visage, en particulier de la région frontale jusqu’à la base du crâne, le long des sourcils à partir de la racine du nez jusqu’aux tempes, les étirements, la respiration profonde ou tout simplement le repos, peuvent soulager les maux de tête d’intensité légère, souvent plus rapidement que la prise de paracétamol ! affirme le Docteur Yu Hong HU. Il est aussi possible d’utiliser localement, en massage sur le front ou les tempes, un peu de baume à base d’huiles essentielles ou 1 ou 2 gouttes d’huile essentielle de Menthe poivrée (diluées dans une huile végétale). En tisane ou en gélules (extrait concentré de plante), la Grande camomille est aussi traditionnellement utilisée pour retrouver du confort. Dans tous les cas, il faut prendre le temps de s’écouter et de se soigner ! Les céphalées de tension agissent comme une sonnette d’alarme qui doit nous conduire à nous interroger sur notre état de santé : suis-je anxieux(se) ou stressé(e) ? Mon environnement est-il sain et paisible ? Quel est mon degré de fatigue ? Comment sont mon sommeil, mon alimentation ?  Bien sûr, au-delà du traitement de la douleur, il s’agit d’agir positivement sur les causes des céphalées de tension et pour cela les solutions naturelles peuvent aussi nous y aider. »  

Sources  

1https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/headache-disorders

2https://www.inserm.fr/dossier/migraine/

3https://sfemc.fr

4https://www.vidal.fr/maladies/douleurs-fievres/maux-tete-migraine.html

5https://ihs-headache.org