Renforcer son immunité : l’influence majeure de notre quotidien

Naturactive : - On ne peut pas parler d’immunité sans parler d’écosystème intestinal… 
Marine Dodet, naturopathe scientifique : - Vous avez raison ! Notre intestin concentre 60 à 70% de nos cellules immunitaires. Rappelons que l’intestin est tapissé par le microbiote intestinal, sur une surface aussi vaste qu’un terrain de tennis. Ce microbiote se compose de plus de 100 000 milliards de microbes (bactéries, virus, champignons), occupant l’espace et ainsi empêchant le développement de micro-organismes pathogènes. Sous la muqueuse intestinale logent les cellules immunitaires qui doivent faire le tri entre les bonnes et les mauvaises bactéries. C’est vraiment le lieu où nos cellules immunitaires vont acquérir ce que l’on appelle leur immuno-compétence : atteindre un état d’équilibre entre deux grandes fonctions ; la tolérance du soi (ce qui nous constitue génétiquement) et du non-soi (ce qui est différent de nous génétiquement) – sachant que l’on distingue aussi le non-soi inoffensif, tel que le microbiote, qu’il faut également tolérer, et la défense contre le non-soi pathogène.  

- Que se passe-t-il si cet équilibre est perturbé ? 
- Si la fonction de tolérance du soi est insuffisante, on peut retrouver des maladies de type auto-immunes : le corps s’attaque à certaines de ses structures qu’il considère comme étrangères.  

Si la fonction de tolérance du non-soi inoffensif est insuffisante, apparaissent alors des problématiques de type allergies : le corps met en place des mécanismes de défense de façon démesurée à une présence étrangère au corps qui n’est pas pathogène.  

Si la fonction de défense contre le non-soi pathogène est insuffisante, c’est la porte ouverte aux infections à répétition : le corps ne met pas en place les mesures de défenses nécessaires.  

En plus de cela, les stress de toutes sortes - environnementaux, physiologiques et psychologiques - peuvent entraîner un déséquilibre du microbiote, appelé dysbiose, ainsi qu’une éventuelle hyper-perméabilité de la muqueuse intestinale. Dans ce cas, la muqueuse n’est plus étanche aux pathogènes et à leur production. En réponse à ces infections, le système immunitaire intestinal va développer une inflammation, qui peut devenir chronique et problématique sur le long terme.  

Vous l’aurez compris, de l’intégrité de notre système intestinal et de son bon fonctionnement dépend en bonne partie la qualité de nos défenses immunitaires.  

- Comment maintenir de bonnes défenses de notre organisme ? 
- Il y a des facteurs sur lesquels nous n’avons pas la main : des facteurs génétiques, notre âge, nos expositions passées aux agents pathogènes… Là-dessus nous ne pouvons rien changer. En revanche il y a d’autres facteurs sur lesquels nous pouvons agir et qui ont une action avérée sur la qualité du microbiote et de la muqueuse intestinale : par exemple le stress, la qualité du sommeil, l’activité physique ou l’alimentation…  

- Vous dites que le stress joue un rôle primordial sur notre immunité…  
- En effet, en cas de stress chronique, la réponse immunitaire peut devenir plus lente et moins efficace. Selon une récente étude de 2019*, il y a une relation directe et proportionnelle entre stress et vulnérabilité immunitaire. Pourquoi cela ? Tout d’abord parce que le stress favorise la dysbiose et l’hyper-perméabilité intestinale dont nous avons déjà parlées, via la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires qui sont des molécules messagères. Mais aussi, parce que le stress a l’inconvénient de surconsommer les nutriments, indispensables au fonctionnement de notre système immunitaire : par exemple le magnésium. 

- Vous insistez également sur l’importance du sommeil  
- Oui, il faut bien dormir quand on est malade. En effet, un sommeil récupérateur permet d’augmenter le nombre et l’efficacité des leucocytes (aussi appelés globules blancs) et qui sont des acteurs importants de notre immunité. Le sommeil a également un effet modulateur sur l’inflammation qui participe à l’apparition de maladies chroniques de l’intestin. Et comme ces maladies altèrent le sommeil, on rentre facilement dans un cercle vicieux.  

- L’activité physique et l’alimentation sont aussi des facteurs majeurs, vous pouvez nous en dire un peu plus ? 
- Bien entendu, la prévention est le meilleur remède. Il faut donc bien dormir et limiter son niveau de stress, mais aussi bien manger et bien bouger. Pour faire simple, on recommande une alimentation qui apporte tous les micronutriments et phytonutriments nécessaires. On favorise une alimentation végétale, brute, de saison, la moins transformée possible, riche en oméga-3, accompagnée d’une cuisson douce et d’un bon temps de mastication. Et sans excès : peu de protéines animales, de graisses saturées, d’aliments à index glycémique élevé… Le régime alimentaire de type méditerranéen est un bon modèle. On recommande également de pratiquer des activités physiques régulières, de moins d’une heure, mais quotidiennes si possible, et d’une intensité modérée à élevée. Dans ces conditions-là, le sport a des effets bénéfiques tels que la stimulation des cellules immunitaires, l’activation des circulations sanguine et lymphatique, l’amélioration de la qualité du microbiote…  

- Que penser des compléments alimentaires pour soutenir son immunité ? 
- Les compléments alimentaires doivent être pris dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée et d’un mode de vie sain.  Comme personne ne peut se vanter d’avoir une alimentation saine en permanence et une hygiène de vie irréprochable à tout moment, les compléments alimentaires sont là pour mieux atteindre l’équilibre recherché. D’ailleurs, certaines plantes, comme l’Échinacée, ont montré des effets ciblés sur l’immunité et sont des références incontournables dans ce domaine. 

* Luo H. et al., 2019. Stress Determined through Heart Rate Variability Predicts Immune Function. Neuroimmunomodulation ; 26 (4) : 167-173.  

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