Éviter au mieux les déficits nutritionnels

Parce que l’alimentation est au coeur de notre santé physique, mais aussi psychique, nous nous intéressons de plus en plus aux questions de diététique. Mais comment veiller à ce que nos choix n’engendrent pas de déficits ? Les éléments de réponse du Dr Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste, spécialisé dans les troubles des comportements alimentaires.


Naturactive : - En matière d’alimentation, qui fait autorité ?
Dr Arnaud Cocaul : - Le problème est là justement ; les Français sont de plus en plus méfiants vis-à-vis des institutions qui faisaient jusque-là office de modèles. À cause des scandales sanitaires répétés, du bruit de fond sociétal chargé d’affaires et de rumeurs, on voit apparaître des nouvelles peurs, voire des angoisses avec des phobies alimentaires.
 
- Quelles en sont les conséquences ?
- Pour s’informer, les consommateurs se tournent vers internet et les réseaux sociaux. Certains sites sont fiables, mais la plupart regorgent d’erreurs et de contradictions. Les évictions radicales (gluten, lactose…) souvent mises à l’honneur, ne sont pas à pratiquer à la légère. À force de ne plus voir se présenter certains nutriments, la flore digestive s’appauvrit. C’est la porte ouverte à certaines carences ou pathologies. C’est pourquoi l’avis de son médecin traitant ou d’un spécialiste de la diététique est recommandé.
 
- L’accompagnement est primordial…
- Parfaitement. Chacun a toute liberté de choisir son régime, mais il faut être bien conscient de ses besoins et savoir quels aliments remplaceront ceux qui sont évincés. Par exemple, les viandes de boeuf et de mouton, les poissons… contiennent de la vitamine B12 essentielle à la formation du sang. Éliminer ces aliments sans les compenser peut entraîner des formes très graves d’anémie.
 
- Certaines carences se sont-elles généralisées ?
- La France n’est pas un pays de carences, on parle de subcarences seulement, sauf en ce qui concerne la vitamine D. En effet, sous nos latitudes et à cause du changement d’heure, notre exposition à l’ensoleillement est la plupart du temps insuffisante. Une alimentation pauvre en produits laitiers va aggraver le phénomène, et avoir des répercussions entre autres sur l’immunité ou même la dépression. Mais repérer les déficits nutritionnels n’est pas chose facile. Des cheveux cassants, une baisse de moral, une fatigue inhabituelle qui s’installe peuvent être des signaux. Mais seul un bilan sanguin donnera des indications réelles et fiables. 
 
- Quelles sont les personnes particulièrement concernées ?
- Les femmes enceintes bien sûr qui ont de nouveaux besoins nutritionnels, les personnes en post-chirurgie ou en rémission au terrain immunitaire fragilisé, mais également et surtout les personnes âgées. Ces dernières, en particulier si elles vivent seules, se détournent de la cuisine classique. Le désintérêt de l’alimentation entraîne une baisse de l’état général (fonte musculaire, défaut de cicatrisation…).
 
- Des conseils généraux pour éviter les déficits nutritionnels ?
- Fuyez la monotonie, ayez une alimentation variée et colorée et mastiquez bien pour libérer les nutriments contenus dans les aliments. Mais aussi adaptez les portions à vos besoins énergétiques et cuisinez le plus souvent possible. Je constate qu’il faudrait davantage accompagner les personnes ayant peu de ressources (étudiants, chômeurs, ou personnes en situation précaire). Par obligation financière, ils mangent moins équilibré et sont plus exposés aux déficits nutritionnels.
 
- Que pensez-vous des compléments alimentaires ?
- Le souci est qu’ils riment souvent avec automédication. Attention aux supplémentations chimiques, qui à forte dose, ne sont pas sans danger. Par contre, les compléments alimentaires issus du monde végétal sont intéressants… Supers-fruits, Curcuma, levure de bière, etc. Si leur utilisation est réfléchie, ciblée et limitée dans le temps, ces apports peuvent être envisagés. Veuillez surtout à ne rien acheter sur internet qui vient de l’étranger, mais suivez plutôt les conseils personnalisés et sécurisés de votre pharmacien. Pour finir, il est bon de ne pas rester figé sur son modèle alimentaire et d’être curieux pour tirer profit des nouvelles connaissances en matière de diététique, comme les sources de protéines végétales ou d’acides gras de type oméga.
 

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