Jacques Fleurentin, pharmacien, président de la Société Française d’Ethnopharmacologie et grand voyageur, a consacré l’ensemble de sa carrière à l’étude des plantes qui soignent. Il nous explique en quoi les phytonutriments s’inscrivent dans cette tradition avec une approche on ne peut plus moderne !
Naturactive : - Santé et alimentation, ces deux notions sont-elles indissociables ?
Jacques Fleurentin :- En effet, de tout temps les hommes ont sélectionné des plantes, en particulier pour se nourrir et se soigner. Il y a d’abord eu la phase de cueilleurs-chasseurs, où l’Homme prélevait dans l’environnement une très grande diversité de nutriments. Des phénomènes de coévolutions ont fait qu’il trouvait dans la nature les aliments qui étaient nécessaires à sa santé. Des siècles et des siècles ont passé… c’est sûr nous avons gagné en espérance de vie grâce à l’hygiène et aux médicaments, mais nous avons aussi beaucoup perdu avec nos nouveaux modes d’alimentation de moins en moins végétale.
- Notre alimentation est-elle de moins bonne qualité ?
- Nous avons perdu sur les plans qualitatif et quantitatif. À partir du milieu du XXe siècle, nous sommes passés à l’agriculture intensive. La donne a changé, car sous prétexte de nourrir l’Humanité, il fallait toujours augmenter la rentabilité… Avec l’arrivée des intrants, les terres se sont de plus en plus appauvries, et la nourriture a beaucoup perdu en qualité. De surcroît, l’agroalimentaire fractionne la matière végétale première en fins composés et reconstitue des aliments transformés, ce processus entraînant une perte énorme de qualité nutritive. Enfin, avec le temps, les apports de viande, lait et produits gras sont devenus prépondérants, bouleversant complètement nos habitudes alimentaires. De ce fait, les fruits et les légumes sont en récession un peu partout.
- Une évolution délétère pour la santé ?
- Physiologiquement, nous avons besoin de deux types de nutriments : d’abord de protéines, de glucides et de lipides pour amener l’énergie et assurer le minimum vital ; puis de micronutriments et de phytonutriments. Il faut bien faire la différence entre les deux. Les micronutriments, ce sont les vitamines, oligo-éléments et minéraux, que l’on a l’habitude de compenser par des complexes en cas de carences. Les phytonutriments sont des structures très fines du règne végétal, participant au métabolisme secondaire, produites essentiellement pour que la plante puisse se défendre de toutes agressions de l’environnement : parasites, virus, autres… Parmi ces phytonutriments, certains sont indispensables à l’Homme pour la prévention des maladies, et plus largement pour le bon fonctionnement de son organisme.
- Comment agissent les phytonutriments ?
- Avec les phytonutriments, il y a cette notion d’effet signal qui va activer l’expression génétique. De très faibles doses peuvent avoir un effet au niveau des gènes et favoriser la production de substances intéressantes. Par exemple, les phytonutriments n’apportent pas seulement des substances antioxydantes, mais aussi des substances qui vont générer la production endogène d’antioxydants, comme des activations de catalases… La supplémentation en phytonutriments est facile, elle se fait par des apports de l’ordre de quelques centaines de milligrammes. De plus, les phytonutriments ne peuvent pas se compenser car ils sont tous essentiels et ont des fonctions physiologiques différentes.
- Y a t-il des recommandations officielles en terme d’apport dans ce domaine ?
- Pas encore, mais devant le constat accablant que les phytonutriments ont diminué d’un tiers dans notre alimentation, l’OMS a eu cette idée assez simple, mais judicieuse, de conseiller 5 fruits et légumes par jour. Cette recommandation renseigne non seulement sur la quantité, mais aussi et surtout sur la nécessité de diversité. Plus notre alimentation végétale est variée, plus elle a de chances de combler les besoins en phytonutriments nécessaires.
- Vous conseillez le Phyto’scope™ pour faire un bilan personnalisé, n’est-ce pas ?
- En effet, ce dispositif est novateur dans la façon dont il est pensé : c’est un système expert, alimenté de milliers de données scientifiques, permettant de déterminer à l’aide du questionnaire le risque de déficit en phytonutriments, de proposer des plantes pour compenser les déficiences, et d’adresser des conseils personnalisés. L’outil Phyto’scope™, à disposition sur le site de la marque Naturactive, est vraiment le fruit d’un travail d’équipe : une collaboration extrêmement riche grâce à la grande diversité d’approches et de points de vue…
- Il y a aussi cette notion de prévention qui vous est si chère.
- En effet. Autant la phytothérapie s’inscrit principalement dans une action curative, autant les phytonutriments s’inscrivent radicalement dans un aspect préventif. Il s’agit d’une démarche très originale, qui se rapproche beaucoup des médecines traditionnelles, puisque, que ce soit dans les médecines grecques ou plus contemporaines, les médecines ayurvédique ou chinoise, les patients consultent pour rester en bonne santé et corriger le tir avant d’être malades. Tous les systèmes de santé traditionnels ont une véritable stratégie de prévention, que nous avons beaucoup oubliée dans nos pratiques occidentales.
- Vous dites que nous sommes inscrits dans des normes…
- Oui, des normes biologiques, anatomiques, physiologiques… et l’on traite uniquement si l’on s’écarte de cette norme. Jamais on ne recherche la norme individuelle. Dans les médecines traditionnelles, quand un patient vient, le travail du praticien est d’abord de trouver l’équilibre qui lui est propre et ne sera pas le même que son voisin, sa tante ou sa cousine. Les pathologies existantes indiquent que cet équilibre a été rompu. Les plantes via les phytonutriments, les aliments ou d’autres stratégies doivent restaurer au plus vite cet équilibre. Concrètement, en s’appuyant sur le Phyto’scope™ et les conseils de son pharmacien, on pourra suivre une cure d’un extrait de plante bien ciblé, tout en ajustant son alimentation.
- Tout cela va dans le sens de l’alimentation-santé ?
- Oui, l’outil Phyto’scope™ est pour moi, à la fois une extraordinaire avancée qui permettra à chacun d’être acteur de sa santé, et à la fois un retour aux sources. Au fond cette approche n’est pas nouvelle ! Je pense à plusieurs ouvrages de la médecine arabo-persane du Xe siècle qui insistaient beaucoup sur les trois éléments permettant de prévenir la maladie : la qualité de l’eau, la qualité de l’air… et bien sûr la qualité des aliments. Déjà, à l’époque, on pressentait combien les facteurs environnementaux pouvaient influencer la santé.